Le libéralisme et l’art.

10 octobre 2007

Rindy Sam, jeune cambodgienne de 30 ans a déposé un baiser sur une toile blanche. Si cette toile vous avait appartenu, peut-être auriez-vous sermoné la jeune femme. Un autre, plus agressif, aurait exigé le remboursement des quelques dizaines d’euros représentant la valeur de fabrication de l’objet.

Mais, dans le monde libéral, la valeur des choses n’est pas celle qu’on croit. Déclarez à des gens un peu snob que la toile vaut 2 000 000 de dollars, et l’affaire prend des proportions autres. Cultivez le communautarisme financier en attribuant des valeurs excessives aux objets, excluant de fait ceux qui ont moins d’argent, et vous transformerez une simple bétise en affaire financière.

Rindy Sam a laissé quelques traces de son rouge à lèvres sur une toile totalement blanche du "très célèbre" peintre américain Cy Twombly. On lui demande 2 millions de dollars au titre de la réparation morale du préjudice qu’elle a commis.

L’auteur aurait pu enrichir son œuvre en considérant que cette marque d’attachement était la touche finale manquant à son travail. On peut penser que tel aurait été son choix si la demoiselle en question avait été très célèbre. En fait, le problème n’est probablement pas le baiser reçu par la toile blanche, mais la faible condition sociale de celle qui l’a fait.

Jean Philippe Parmantier