Congrès du NPA : logique de repli et coup de force
Francis Sitel, Christian Picquet, Alain Faradji
Anciens membres du bureau politique de l’ex-LCR, animateurs de l’association Unir, nous défendons depuis longtemps l’idée d’un rassemblement susceptible de changer la donne au sein de la gauche et de mettre un terme à la domination sur celle-ci du social-libéralisme porté par le Parti socialiste.
Ces 6, 7 et 8 février, à La Plaine-Saint-Denis, en compagnie de nombreux autres militantes et militants du NPA issus d’autres traditions, nous nous sommes retrouvés dans la « sensibilité européenne », qui en appelait, pour les élections européennes, « à la constitution de listes de large rassemblement, pluralistes, sur la base d’un programme pour une Europe sociale, démocratique, écologiste, solidaire et de paix, dénonçant le traité de Lisbonne et en complète indépendance du PS ». Cette sensibilité proposait que le NPA s’adresse dans ce but « au Parti de gauche, au Parti communiste français, aux Alternatifs, à la Fédération et à ses diverses composantes, à Lutte ouvrière… »
Avant que cette sensibilité ne tire collectivement, dans les jours à venir, le bilan des événements intervenus durant ce congrès, nous voudrions livrer publiquement notre propre appréciation du Premier Congrès du NPA.
À l’issue d’un débat qui a polarisé le congrès, une majorité de délégués a rejeté le texte de la « sensibilité européenne ».
Si nous prenons acte que la position majoritaire ne ferme pas totalement la porte à la constitution d’un front de gauche pour les élections européennes, nous regrettons que les conditions avancées à la réalisation de ce dernier (les exigences, de facto présentées comme des préalables, d’une sortie du nucléaire et d’un accord pour les élections régionales de 2010) apparaissent surtout comme des faux prétextes de nature à justifier, demain, une rupture avec les partenaires possibles de listes de large convergence.
Les conditions de l’élection du comité politique national du nouveau parti renforcent nos craintes. La « sensibilité européenne », dont la proposition avait obtenu le soutien d’un délégué sur six, s’est vu refuser le droit d’être représentée à la proportionnelle des résultats qu’elle a obtenus. Alors qu’elle aurait dû compter 26 membres à la direction, la majorité s’est arrogée le droit discrétionnaire de sélectionner 13 de ses candidats seulement et d’écarter les autres au terme d’une procédure expéditive, évoquant les pires pratiques ayant longtemps eu cours au sein d’une partie de la gauche.
Les statuts fraîchement adoptés par le congrès, qui prévoient la représentation proportionnelle des positions qui ont été opposées dans un débat central au sein du NPA, ont ainsi été bafoués. Ce qui a permis d’éliminer, sans autre forme de procès, quatre des six membres sortants du comité d’animation national provisoire du NPA (Alain Faradji, Catherine Jouanneau, Christian Picquet et Francis Sitel), ainsi que neuf autres candidats, dont beaucoup n’appartenaient pas à l’ex-LCR.
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