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Gauche Alternative Choletaise
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25 février 2009

La valeur des choses.

Combien dois-je payer pour cet objet? Quel est le bon prix. Combien ça coûte ? (non, je ne suis pas Jean.Pierre.Pernaut) La valeur d’une chose, maison, litre de lait, action de société, service rendu, est très variable. Il existe de nombreuses façons de calculer le prix d’une chose, et le résultat peut être très variable. Je prendrai comme exemple le logement. Imaginons un logement de 100 m². Il comprend 1 séjour, 3 chambres, en bon état. Quel est son prix ?

1) La valeur de travail.

On peut considérer le travail nécessaire à l’existence de ce logement. Les personnes qui ont travaillé pour l’existence de ce logement sont nombreuses. On peut évaluer en nombre d’heures ce qui est nécessaire à l’accomplissement du travail. Le prix du béton, de la moquette (…) , sera évalué en fonction du nombre d’heures nécessaires à leur fabrication. S’il s’agit d’un appartement, certains coûts communs (architecte, parties communes,  …) sont répartis en fonction du nombre de logements. On peut évaluer en heures de travail la valeur de ce logement.

alors, nous avons :

travail = prix

Imaginons que la somme des heures de travail soit 4 550. (35 heures par semaine x 5 personnes x 26 semaines).

si on considère une rémunération de 10 euros par personne, le prix est:

10 x 3640 = 45 500 euros

2) Le prix de revient.

Tout le monde n’est pas rémunéré de la même façon. L’heure de travail de l’architecte n’est pas payée au même tarif que l’heure du plombier. De plus, des taxes, des droits d’enregistrements, la TVA, sans lien réel avec la quantité de travail, Le prix de revient est différent du prix du travail. Il intègre la différence de rémunération des différentes personnes intervenant sur le projet, ainsi que la présence indispensable de la société (état, région, commune)  pour que l’opération soit réalisable.

Le prix  , compte tenu des charges salariales, impôts et taxes et différences de salaire,  doit être majoré de 100 % (taxes et charges,  70 %, différences de salaires, 30 %)

Le prix de revient est donc de

200 % * 45 500  = 91 000 euros

3) Le prix commercial.

Le prix de revient intègre le coût des équipements. En effet, le camion nécessaire à  l’acheminement des matériaux  a du être acheté. Le coût du camion, de son entretien, doit être intégré dans le prix de revient. Mais, dans le prix commercial, de nouvelles informations sont intégrées. Pour vendre la maison ou leurs services, les acteurs de la construction de la maison (artisans, promoteur immobilier, …) ont dépensé de l’argent afin de capter une clientèle. Cette « guerre » de parts de marché a un coût. Cette « guerre » ne concerne pas celui qui achètera, mais c’est lui qui la finance, car ce coût supplémentaire est intégré dans le prix de revient. De plus, pour pouvoir construire la maison, les différents partenaires ont du constituer un capital mobilier et immobilier (l’architecte a des bureaux, comme de nombreux artisans, certains ont du matériel professionnel, grues, camions, échafaudages). Ce capital leur a demandé d’avancer de l’argent. Or, dans notre société actuelle, avancer de l’argent revient à emprunter à la banque. Notre société institue une rémunération du capital. L’argent est considéré comme étant un ouvrier qu’il faut récompenser. Evidemment, plus les structures utilisent d’argent, plus il y a de capital, plus il faut le rémunérer.  Ce coût est directement payé par le consommateur.

Si on considère un coût commercial supplémentaire de 20 % (9100 euros) on obtient un prix de vente de 99 100 euros auquel il faudrait ajouter le prix de la rémunération du capital.

prix commercial 100 000 euros

4) Le prix d’usage.

Une maison pour quoi faire ? Pour y loger, bien sûr. 100 m² pour une famille, avec 2 enfants, ça va.

Imaginons qu’un locataire ordinaire paye 500 euros pour un tel logement, et que la rémunération des placements à risque limité soit de 4 %

par an, le locataire paierait 500 euros x 12 mois soit  6000 euros

Si un propriétaire veut placer à la banque une somme  à 4 %, quelle est la somme qui lui rapportera 4% chaque année ?

6 000 euros / 4% =  soit 150 000 euros

Ainsi, un investisseur pourrait être prêt à donner 150 000 euros pour une maison dont le prix commercial n’est que d’ environ 100  000   euros.

Valeur d'usage : 150 000 euros

5) la valeur de revente immédiate.

J’achète. J’achète pour investir. Mais si j’ai besoin de mon argent rapidement, qu’est-ce que je récupère ? La valeur de revente immédiate est toujours problématique. Toutefois, dans le cas des subprime américaines, c’est elle qui a été utilisée pour vendre à des prix exagérés. Lorsque des prix augmentent rapidement (hausse organisée), il est facile de faire croire que la hausse va continuer, surtout pour des professionnels de la communication. L’espérance d’un gain rapide provoque une grande vulnérabilité. Si on annonce à des personnes une hausse de 10% par an, en 3 ans, cela fait plus de 30 %. Ce qui vaut 100 000 vaudra 130 000 dans 3 ans. Donc, un prix d’ achat de 115 000 ne paraît pas exagéré. (gain de 15 000 euros en 3 ans).

Valeur de revente immédiate, 115 000 euros

6) La valeur de spéculation.

Elle ressemble beaucoup à la valeur de revente immédiate, sauf que l’immédiat prend des valeurs très différentes. (3 mois – 6 mois). Si je pense que le logement vendu 100 000 vaudra 150 000 euros dans 6 mois, je suis prêt à l’acheter 110000 ou 120 000 euros, sans problème. Ce cas n’existe pas pour les logements mais existe pour les matières premières (d‘ou les fortes variations du cours du pétrole). La  valeur de spéculation existe réellement dans le domaine des œuvres d’art. Un artiste « tendance » va voir le cours de ses œuvres exploser. Ceux qui ont acheté 6 mois avant les autres gagnent des fortunes.

Valeur de spéculation, 120 000 euros

7) Valeur coup de foudre.

Là, on est en plein rêve. mais cette valeur existe. C'est celle que l'on est prêt à verser pour un coup de foudre. En ce cas, le commercial vous dit : "C' est la maison de vos rêves. Alors, le prix n'a pas d'importance".

Valeur coup de foudre : pas de limite

8 ) la valeur du marché.

Là, on entre dans la magie. La valeur du marché, c’est la valeur autour de laquelle acheteurs et vendeurs obtiennent le maximum de vente. Nous avons vu qu’il y avait plusieurs valeurs. Celui qui obtient le plus de pouvoirs dans le marché arrive à utiliser la valeur qui lui convient le mieux.

Un exemple .

Un vendeur de maison propose 100 000 euros à la vente. Il le dit à son intermédiaire. Celui-ci va convaincre le vendeur que le prix est trop élevé, car le bien est vieux, et sa valeur, en nombre d’heures travaillées est plus faible.

Un acheteur de maison propose 100 000 euros à l’ achat. Il le dit à son intermédiaire. Celui-ci va convaincre l’acheteur que le prix est trop bas , car le bien lui permet de ne pas payer de loyer, et de ne pas acheter de maison neuve, trop chère.

L’intermédiaire à une seule qualité : convaincre. Il ne produit rien.

Si le vendeur ne rencontre pas l’acheteur.

     - le vendeur vend au prix de 90 000 euros.

     - l’acheteur achète au prix de 110 000 euros.

L’intermédiaire, celui qui contrôle le marché, encaisse 20 000 euros (110 000 – 90 000).

Conclusion : la notion de marché est souvent l’occasion, pour des intermédiaires, de prélever entre consommateurs et producteurs.

La notion de marché n’a d’autre but que de permettre à une minorité informée de jouer sur les différentes valeurs possibles d’un objet, afin de profiter au mieux de la distance entre producteurs et consommateurs. Autrefois, cette distance alimentait tout un réseau d’intermédiaires. Aujourd’hui, d’autres ont pris le relais, écrasant autant le producteur vers le prix bas que le consommateur vers le prix haut.

Le marché n'est fréquenté que par les initiés (ceux qui savent). Un prix sur quelques produits s'applique alors à l'ensemble du commerce pour le même produit. Accepter le marché libre, sans contrôle, c'est accepter la manipulation de nos finances par une minorité, au profit d'elle même.

Jean Philippe

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Commentaires
J
Il me semble qu'effectivement, le travail n'est qu'un outil pouvant contribuer à l'épanouissement de l'homme, et que sa place n'est pas au centre mais en périphérie. L'humanité (espèce humaine) me semble être un meilleur choix, une humanité respectant les impératifs de survie et de cohérence (écologie+économie) de la collectivité avec le respect des individualités (social+sociétal).
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C
Et bien au contraire, remettre le travail au coeur de l'économie me semble ce qu'il y de pire, car cela renforce la marchandisation de l'humain. <br /> <br /> C'est l'économie qu'il faut mettre à la marge, dans le sens redevenir moyen, pour que l'homme s'émancipe vraiment. Le travail lui doit devenir accepté et non subit, collectif et minimal. <br /> <br /> Ce n'est que mon avis ;)
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L
Ce qu'il faut c'est remettre le travail au centre de l'économie, et le rémunérer à sa juste valeur, partout. <br /> Attention, car le travail, c'est très différent du profit. Et le remunérer convenablement, c'est aussi interdire les profits trop importants.
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J
Fabien, à combien estimes-tu la valeur de mes aveux? Fais ton offre, je la mets sur le marché!
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C
Quel superbe démonstration pour la relocalisation et l'achat direct ! Et pour l'autogestion (aller avoue :) :) :) )
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