Questions à Pierre Laurent Secrétaire national du Parti communiste

Libération – Samedi 28 janvier

Le virage à gauche de Hollande vous convient-il ?

 J'entends deux sons de cloche contradictoires : une volonté de s'attaquer à la finance - je dis «bienvenue au club !» -, mais aussi beaucoup de fausses notes : sur les retraites, les exonérations de cotisations sociales. C'est sur ces contradictions qu'on veut porter le débat. Le Front de gauche a des propositions plus audacieuses que le programme de François Hollande.

 Les communistes sont-ils totalement impliqués dans la campagne de Mélenchon ?

 Oui. Je suis frappé par le dynamisme militant des communistes. Nous avons dépassé les débats que nous avions au moment du choix de la candidature.

 Même là où Jean-Luc Mélenchon était vu d'un mauvais œil ?

 Oui. Je mets au défi quiconque de démontrer l'inverse.

 Comment l'expliquez-vous ?

 La campagne de Jean-Luc Mélenchon a répondu aux attentes des communistes. Il y a de la clarté dans les contenus et du respect dans les engagements communs. Les militants ont très vite perçu qu'il y aurait une dynamique pour le parti si nous répondions à l'aspiration profonde des milieux ouvriers, populaires, de gauche...

 Vous profitez aussi du terreau de la campagne du référendum européen de 2005...

 Oui. Et de l'expérience accumulée depuis la fondation du Front de gauche, il y a trois ans. Quelque chose est en train de se cristalliser autour de nous. Beaucoup de commentateurs politiques semblent surpris de notre percée. Comme en 2005, ils ne voient pas que les gens ne veulent plus de scénarios bouclés d'avance. Nous sommes en train de passer une étape : nous voulons que notre affaire devienne populaire.

 Vos assemblées citoyennes attirent d'abord des militants...

 Il reste du travail à faire. Mais dans ces 450 assemblées citoyennes déjà réunies, on voit des gens engagés, des syndicalistes, des associatifs qui rayonnent ensuite autour d'eux.

 La personnalité de Mélenchon n'éclipse-t-elle pas le PCF ?

 Le rôle des communistes dans cette campagne est perçu. La dynamique du Front de gauche est amplifiée par le PCF, qui se voit renforcé par cette alliance. Des gens nouveaux viennent vers le Front de gauche et certains rejoignent le PCF. Nous sommes sortis du piège de la marginalisation.

 Est-ce à dire que le Front de gauche pourrait devenir un parti ?

 La forme choisie, le respect de la pluralité des forces, a été extrêmement féconde. Il ne faut pas remettre en cause la méthode. Allons déjà jusqu'aux législatives, et nous évaluerons quelles initiatives prendre pour développer cette démarche.