Pour une politique des retraites ambitieuse
Trop de retraités, pas assez d’actif ! Le régime d’assurance retraite court à sa perte si on ne prend pas des mesures énergiques. Les régimes spéciaux sont une honte. ils mettent en péril l’avenir de nos honnêtes travailleurs.
Quel beau discours! Quelle maîtrise de la démagogie dans de tels propos!
La politique gouvernementale actuelle (et passée) n’a jamais eu pour objectif d’assurer à l’ensemble des français des retraites décentes. Si tel avait été son objectif les mesures à prendre étaient simples.
1) Paiement des arriérés et exonérations de charges à la Sécurité Sociale. (et là, on atteint presque l’équilibre).
2) Rééquilibrage de la répartition de la valeur ajoutée entre investissement, masse salariale et bénéfices. (Et là, on entre dans l’excédent au présent et l’équilibre pour le futur)
3) Alignement de la prise en compte de l’activité globale des salariés du privé et du public. (par rééquilibrage des conditions particulières et appréciation des pénibilités et contraintes actuelles des différentes professions).
Au lieu de cela, les membres du MEDEF (patronat) s’appliquent à expliquer aux salariés (cadres , ouvriers, employés) de 50 ans qu’ils sont trop vieux pour être efficaces, quand dans le même temps, leur Technico-Commercial de l’Elysée (Alias N. Sarkozy) explique que ces mêmes personnes sont trop jeunes pour partir en retraite.
Toutefois, j’affirme qu’ aucune mesure envisagée pour les retraites, quelle soit de droite ou de gauche, ne répond à la réalité et aux fondements de l’existence des retraites.
La notion de retraite est liée au fait qu’à partir d’un certain age, le corps ne peut plus, intellectuellement, physiquement, répondre aux exigences du monde du travail. On se met alors en "retrait" de ce monde, tout en développant son intégration au cœur de la société non économique.
Ce retrait du monde du travail implique une disparition des revenus. Il est donc indispensable, au nom du droit à vivre décemment, que chaque « mis en retrait » dispose de revenus. La retraite ne doit pas être un revenu différé mais l’affirmation que chaque être humain a le droit de vivre décemment.
A ma connaissance, rien ne justifie de gros écarts dans les revenus des retraités. Les revenus de la retraite ne sont pas une récompense. Ils ne doivent pas non plus être un privilège permettant de prolonger un mode de vie. La retraite est généralement prévisible ; c’est à chacun de s’y adapter socialement. C’est à la société de s’y adapter économiquement.
Cela signifie clairement que les retraites minimales doivent être d’un niveau décent (mettons 1500 euros nets mensuel ) tandis que les retraites maximales ne devraient pas dépasser 2000 euros nets mensuels. Le critère de montant devrait être indépendant de l’argent gagné dans la vie. Dire le contraire revient à affirmer que celui qui a bénéficié de revenus élevés pendant sa carrière doit bénéficier des mêmes avantages le reste de ses jours. Cela revient à affirmer un déterminisme social inacceptable : pauvre tu es né, pauvre, tu es resté (non pas par manque de travail mais parce que la société t’ a gardé dans ta catégorie sociale), pauvre tu dois mourir.
Comment intégrer les spécificités du travail dans ce système de retraite ?
Si la spécificité du travail occasionne un vieillissement prématuré, l’age de départ en retraite doit être avancé. Dans le cas contraire, c’est sur le salaire ou sur des éléments sociaux qu’il conviendra d’intervenir.
Jean Philippe Parmantier