Comment créer aujourd’hui les problèmes de demain.

Avez-vous fait l’expérience de passer une journée au milieu de gens maîtrisant un milieu que vous ignorez ;une journée avec des marins-pêcheurs, ou au milieu d’informaticiens. Immédiatement, vous vous rendrez compte que vous ne comprenez rien des conversations, tandis que vos interlocuteurs vous sembleront être des surdoués maîtrisant un vocabulaire et des situations qui vous échappent totalement.

Cette méconnaissance de l’univers des autres est l’une des causes essentielles de l’échec des solutions proposées par des personnes croyant en la toute puissance de leur intelligence.

Si le vocabulaire d’une profession peut s’acquérir par le travail, si la compréhension de problèmes ponctuels peut se faire par l’observation, la compréhension des modes de vie nécessite plus qu’un apprentissage : ils impliquent le côtoiement de longue date, l’intériorisation d’ un grand nombre de situations. Pour résumer, comprendre les autres nécessite d’avoir fréquenté depuis longtemps un grand nombre de personnes très diverses.

La disparition de la carte scolaire va permettre de faire sauter les dernières barrières permettant à certains parents (ceux qui auront les moyens) de regrouper les enfants selon leur origine sociale. Au lieu de prendre des mesures pour faire respecter la loi, le gouvernement développe les ghettos sociaux, culturels, financiers.

En prévision de ces nouvelles dispositions, la municipalité de Cholet prépare déjà le communautarisme scolaire dans de nouveaux lotissements, privilégiant l’école confessionnelle à l’Ecole de la République.

Le gouvernement d’aujourd’hui prépare l’Ordre Nouveau des classes sociales, les séparant dès l’enfance pour éviter que les hommes de demain ne se comprennent et travaillent ensemble. Dans l’incompréhension totale de ceux qu’ils n’auront jamais côtoyé, pas même à l’école, nos enfants n’auront d’autre choix que l’affrontement ou la soumission.

Ces mesures construisent les prisons de nos enfants. Et une prison, dorée ou noire, est toujours une prison.

Jean Philippe Parmantier